Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur les musées de photographie. La MEP, comme l’appellent les initiés, n’est pas votre énième institution poussiéreuse où des conservateurs en tweed dissertent sur la règle des tiers. Nichée dans le Marais, cette forteresse culturelle dynamite les codes depuis plus de 25 ans, oscillant entre coups de génie et provocations assumées.
L’histoire du musée
Le bâtiment : Une histoire plus dense qu’un négatif surexposé
L’hôtel Hénault de Cantobre, qui abrite aujourd’hui la MEP, est un trip architectural qui mérite qu’on s’y attarde. Construit en 1706 pour François Hénault, ce bijou d’architecture classique française a traversé les siècles avec une insolence rare. La façade, rythmée par ses fenêtres à petits carreaux et ses mascarons sculptés, nargue le temps qui passe.
L’édifice déploie ses 3500m² sur quatre niveaux, articulés autour d’une cour pavée qui sert désormais de forum à ciel ouvert pour les vernissages les plus courus de la capitale. Le bâtiment a connu plusieurs vies avant d’accueillir la photographie : résidence aristocratique, manufacture de papiers peints au XVIIIe siècle, puis siège du Mont-de-piété au XIXe siècle.
La rénovation des années 90 par Yves Lion est un chef-d’œuvre d’équilibrisme architectural. Il a réussi l’impossible : moderniser radicalement l’intérieur tout en préservant l’âme historique du lieu. Les espaces d’exposition, répartis sur trois niveaux, jouent avec la lumière naturelle comme un photographe avec son flash. Le sous-sol, transformé en centre de documentation et bibliothèque, est devenu le repaire des chercheurs et étudiants en quête de pépites photographiques.
Le musée : Une révolution culturelle en argentique et en numérique
La MEP n’est pas née par hasard. Son histoire est celle d’une ambition folle : créer un lieu dédié exclusivement à la photographie à une époque où le medium était encore considéré comme le parent pauvre des arts visuels. Inaugurée en février 1996, elle s’est imposée comme une institution iconoclaste dans le paysage muséal français.
Jean-Luc Monterosso, son fondateur et premier directeur, a façonné l’ADN du lieu : une programmation audacieuse mêlant grands noms et talents émergents, une attention particulière à la photographie contemporaine, et un engagement fort dans la conservation et la diffusion du patrimoine photographique. Sous sa direction, la MEP a constitué une collection de plus de 24000 œuvres, devenant l’une des plus importantes en Europe.
Points forts du musée
Le spot qui fait trembler l’establishment photographique
Vous cherchez du consensuel ? Passez votre chemin. La MEP cultive l’art de la disruption avec une programmation qui fait autant grincer les dents qu’elle inspire. Imaginez un lieu où Martin Parr côtoie Nan Goldin, où William Klein dialogue avec la nouvelle garde des photographes numériques. C’est ça, la MEP : un électrochoc permanent dans le paysage culturel parisien.
Le musée a révolutionné l’approche muséographique de la photographie. Fini les accrochages chronologiques soporifiques. La MEP privilégie les dialogues inattendus entre les époques et les styles. Les expositions temporaires, changeant tous les trois mois, créent un rythme effréné qui maintient le lieu en perpétuelle ébullition.
La bibliothèque, avec ses 24000 ouvrages et ses collections de périodiques rares, est devenue une mine d’or pour les chercheurs. Le centre de documentation abrite des trésors : correspondances d’artistes, manuscrits, et archives qui racontent l’histoire de la photographie comme personne.
Les Galerie des incontournables :
- La cour pavée* – Où les hipsters du Marais viennent prendre leur pause clope entre deux expos
- L’escalier monumental* – Plus photogénique que 90% des influenceurs qui y prennent des selfies
- La bibliothèque* – Le QG des étudiants en art qui préfèrent bosser dans un cadre historique plutôt qu’à Starbucks
Informations pratiques
Horaires :
– Mercredi à vendredi : 11h-20h
– Week-end : 10h-20h
– Fermé lundi et mardi (comme tous les spots cool)
Adresse :
Tarifs :
– Plein tarif : 10€ (le prix d’un cocktail dans le Marais)
– Réduit : 6€ (étudiants, – 26 ans)
– Gratuit pour les – 8 ans (qu’est-ce qu’ils foutaient là anyway?)
Accessibilité :
Métro : ligne 1 station Saint-Paul, 7 station Pont Marie, 11 station Hotel de Ville
Bus :n° 69, 76, 96, Bb, N11, N16
Places de parking à proximité : Parc Baudoyer, Parc Pont Marie, Parc Lobau.
Conseils :
– Évitez les weekends, c’est la jungle
– Le jeudi soir, nocturne jusqu’à 22h : parfait pour esquiver les hordes de touristes
– La cafétéria du 4e étage offre une vue killer sur Paris
– Prenez l’adhésion annuelle (40€) si vous comptez venir plus de 4 fois
Restaurants / pause :
- Chez Ajia
4 Rue du Roi de Sicile, 75004 Paris 3 min à pied
Horaires : Tous les jours de 12h00 à 23h00 - Le Bucheron
14 Rue de Rivoli, 75004 Paris à 3 min à pied
Horaires : Tous les jours de 02h00 à 07h00
Nos Astuces
Pour une visite qui déchire
- Commencez par les expos temporaires du 2e et 3e : c’est là que ça se passe
- Descendez à la bibliothèque : même si vous n’êtes pas un rat de bibliothèque, l’ambiance vaut le détour
- Terminez par un café sur la terrasse : le meilleur spot pour débriefer votre visite
Verdict final
La MEP n’est pas parfaite – parfois élitiste, souvent bondée le weekend – mais c’est précisément ce qui fait son charme. C’est un lieu vivant, qui respire, qui provoque, qui dérange. Dans un Paris muséal parfois trop sage, la MEP reste ce grain de sable nécessaire qui rappelle que la photographie n’est pas qu’un art du passé, mais bien un médium en perpétuelle révolution.