Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur les musées parisiens. Le Grand Palais n’est pas un énième temple de la culture qui sent la poussière et le conformisme. C’est une cathédrale de verre et d’acier qui a survécu à deux guerres mondiales, des expositions avant-gardistes et même des défilés Chanel. Mais ne vous y trompez pas : derrière sa façade majestueuse se cache l’un des espaces les plus audacieux et polyvalents de la capitale.
L’histoire du musée
Un colosse de verre aux pieds d’acier
L’architecture : quand la IIIe République voyait grand
Le Grand Palais est né d’un délire mégalomane typique de la fin du XIXe siècle. Imaginez : nous sommes en 1900, la France veut en mettre plein la vue au monde entier avec l’Exposition universelle. Le résultat ? Un mastodonte architectural de 77.000 m² qui fait passer la plupart des musées pour des cabanes de jardin.
L’architecte Henri Deglane et ses compères ont créé ce qui allait devenir le plus grand projet architectural de la Belle Époque. Une nef principale haute de 45 mètres, couronnée par une verrière monumentale de 13.500 m² qui inonde l’espace de lumière naturelle. Des colonnes corinthiennes, des sculptures allégoriques, des mosaïques dorées… Tout dans ce bâtiment hurle « grandeur française », mais avec un twist moderne qui lui donne son caractère unique.
La structure métallique, révolutionnaire pour l’époque, a été assemblée comme un gigantesque Meccano, utilisant les dernières innovations de l’industrie sidérurgique. Un squelette d’acier de 8.500 tonnes supporte l’ensemble, faisant du Grand Palais l’un des premiers bâtiments à marier aussi audacieusement tradition classique et modernité industrielle.
L’histoire du musée : des hauts, des bas et des renaissances
Les premières décennies du Grand Palais ont été mouvementées, pour dire le moins. À peine inauguré, il devient le théâtre des plus grandes expositions artistiques de son temps. Les Salons d’Automne y font scandale, les avant-gardes s’y bousculent, Matisse et ses fauves y font rugir la critique.
Pendant la Première Guerre mondiale, le bâtiment est transformé en hôpital militaire. Les œuvres laissent place aux lits d’hôpital, les visiteurs aux blessés. La Seconde Guerre mondiale voit le Grand Palais servir de garage pour les camions de l’occupant allemand. Pas vraiment ce qu’avaient imaginé ses architectes.
Mais le Grand Palais a la peau dure. Après chaque épreuve, il renaît de ses cendres. Dans les années 1960-1970, il devient le lieu incontournable des grandes expositions culturelles parisiennes. Les files d’attente s’allongent pour voir les rétrospectives Renoir, Monet, ou plus récemment, les installations contemporaines qui transforment sa nef en terrain de jeu artistique.
La dernière grande renaissance date de 2021, après une restauration pharaonique. Le Grand Palais a fait peau neuve, conjuguant son ADN historique avec les exigences du XXIe siècle. Nouveaux espaces, nouvelle scénographie, nouvelle approche muséographique… tout en gardant cette âme unique qui fait sa force.
Points forts du musée
Les immanquables et les pépites cachées
Collections permanentes : au-delà des clichés
Le Palais de la découverte, intégré au Grand Palais, mérite à lui seul le détour. C’est la preuve vivante que la science peut être sexy quand elle est bien présentée. Les démonstrations d’électricité statique y font encore dresser les cheveux sur la tête des visiteurs, au sens propre comme au figuré.
La Nef, avec sa verrière monumentale, reste le clou du spectacle. C’est probablement le seul endroit à Paris où vous pourrez voir aussi bien un défilé de mode qu’une exposition d’art contemporain ou un concours d’équitation. Cette polyvalence fait la force du lieu.
Expositions temporaires : l’art de réinventer l’espace
Les expositions temporaires du Grand Palais sont légendaires, tant par leur ampleur que par leur ambition. Qu’il s’agisse de reconstituer l’atelier de Picasso ou de transformer la Nef en jardin suspendu, chaque nouvelle exposition est un défi architectural et scénographique.
Informations pratiques
Horaires :
Ouvert du mardi au dimanche, 10h-20h (nocturne le mercredi jusqu’à 22h)
Adresse :
Tarifs :
12-15€ (expositions temporaires), gratuit pour les moins de 26 ans
Accessibilité :
Métro : lignes 1, 9, 13 / Stations : Franklin D. Roosevelt, Champs-Elysées – Clemenceau
RER : ligne C / Station : Invalides
Bus : lignes 28, 42, 52, 63, 72, 73, 80, 83, 93
Places de parking à proximité : Rond-point des Champs-Elysées
Conseils :
Pass annuel disponible pour les accros des expos
Restaurants / pause :
- Café 1902
Au sein du jardin du Petit Palais à 3 min à pied
Horaires : mardi au dimanche de 10h00 à 17h45 sauf les vendredis et samedis de 10h00 à 19h40 - Le Clarence
Av. Winston Churchill, 75008 Paris à 3 min à pied
Horaires : du Mardi au Dimanche de 10h00 à 18h00 - Le Restaurant (MUSIAM Paris)
Accessible sous réserve d’un titre d’entrée au musée
Nos Astuces
– Évitez les weekends, sauf si vous aimez faire la queue
– Réservez en ligne, c’est la base
– Venez tôt le matin ou en nocturne le mercredi
– Le café du Grand Palais est surévalué, préférez les restos du quartier
Pour aller plus loin
Avant votre visite
– Consultez le programme des expositions sur le site officiel
– Téléchargez l’application du musée
– Prévoyez large : une visite complète prend facilement 3-4 heures
Après votre visite
– La librairie-boutique vaut le détour pour ses éditions limitées
– Le jardin des Tuileries à deux pas est parfait pour décompresser
– Les toits du Grand Palais offrent une vue imprenable sur Paris (visites guidées uniquement)
Verdict final
Le Grand Palais n’est pas qu’un musée, c’est une institution qui a su se réinventer sans perdre son âme. C’est un lieu où l’histoire de l’art croise celle de la science, où le passé dialogue avec le présent, et où chaque visite réserve son lot de surprises. Alors oui, il y a les files d’attente, les touristes et parfois des expositions inégales. Mais il y a surtout cette magie unique qui opère dès qu’on lève les yeux vers la verrière monumentale. Le Grand Palais, c’est Paris qui se met sur son 31 tout en gardant ce petit grain de folie qui fait son charme.