Rivière, l’œil qui capturait Paris comme un théâtre d’ombres

Adresse :

62 rue de Lille, 75007 Paris

Date d’ouverture :

05/11/2024

Date de fin :

02/03/2025

Horaires :

Mardi, mercredi,jeudi, vendredi, samedi, dimanche : 9h30-18h et Jeudi : nocturne jusqu'à 21h45

Tarifs :

Entre 17,50€ et 13,65€

Transports :

Métro 12 : Station Solférino RER C : Station Musée d'Orsay

L’exposition

Un photographe entre modernité et nostalgie

Henri Rivière, ce nom ne te dit peut-être pas grand-chose, et pourtant, ce bonhomme est un véritable pionnier de l’image. Graveur, aquafortiste, lithographe, mais aussi photographe, il a su capter l’âme de Paris et de la modernité avec une acuité rare. Inspiré par l’estampe japonaise – Hokusai et Hiroshige en tête – il transpose leurs techniques dans sa propre vision de la capitale. Au-delà du simple document, ses clichés sont des compositions millimétrées, pleines de contrastes et de mouvements. À la fin du XIXe siècle, alors que la photographie tâtonne encore entre science et art, Rivière impose un regard singulier : il saisit la ville en perpétuel changement, tout en s’ancrant dans une esthétique picturale précise. Il ne photographie pas seulement Paris, il l’interprète.

Un musée à la hauteur du mythe

L’exposition consacrée à Rivière se tient dans un écrin à la hauteur du personnage. Ici, chaque cliché résonne avec une profondeur quasi théâtrale, une mise en scène qui rappelle la manière dont il travaillait lui-même ses compositions. Les salles ne se contentent pas d’aligner des images : elles racontent une histoire, celle d’un homme fasciné par la lumière, la ville et le mouvement. On entre dans cet espace comme dans un film en noir et blanc, où chaque détail est une pièce du puzzle parisien qu’il a assemblé au fil des ans. Impossible de ne pas être frappé par la puissance évocatrice de ses œuvres, qui réussissent à rendre palpable le tumulte des boulevards et la solitude des quais.

La tour Eiffel comme jamais vue

En mars 1889, Henri Rivière s’offre une virée peu commune : un reportage en altitude sur le chantier de la tour Eiffel. À une époque où l’idée même de monter là-haut relève du défi, lui immortalise l’ascension avec une précision vertigineuse. Il ne se contente pas de capturer l’édifice, il en montre les coulisses. Ses clichés témoignent de l’effort des ouvriers, du chaos organisé des poutrelles métalliques et de l’ombre monumentale que ce monstre de fer projette sur la ville en contrebas. Entre plongées audacieuses et contreplongées graphiques, Rivière offre une perspective saisissante de la construction du symbole de Paris.

Son travail rappelle l’esthétique des estampes japonaises, où la structure et la lumière s’entremêlent en un ballet minutieux. Ici, la tour Eiffel n’est pas juste un monument : elle devient un personnage à part entière, un titan métallique en train de naître sous nos yeux.

Le Paris du quotidien, mais pas celui des cartes postales

Si Rivière fige la ville, ce n’est pas dans l’image lisse et figée d’un Paris de carte postale. Non, il attrape le tumulte, l’énergie brute des Halles, des boulevards et des quais de Seine. Son appareil ne se contente pas de fixer l’instant : il raconte des histoires. Les femmes chargées de paniers aux Halles, les touristes paumés sur le Pont du Louvre, les badauds agglutinés autour d’un spectacle de rue… Chaque cliché est un micro-récit, une tranche de vie capturée sur le vif. Avec son appareil à plaques de verre, il s’infiltre dans la foule, adopte son rythme, joue avec les perspectives.

Et ce n’est pas tout : Rivière aime le mouvement. Il expérimente, monte sur des omnibus, embarque sur des bateaux-mouches, traque l’instant parfait où Paris devient une scène de théâtre à ciel ouvert. Il ne fige pas une époque, il la fait vibrer.

Entre intimité et puissance visuelle

Mais Rivière n’est pas qu’un documentariste de la ville. Il immortalise aussi son quotidien, et notamment sa femme, Eugénie. Ici, il délaisse le tumulte parisien pour capter la lumière qui caresse un visage, une silhouette découpée dans la lande bretonne ou la pénombre d’un balcon parisien. Ces clichés, loin du brouhaha des boulevards, révèlent une autre facette de son talent : celle d’un homme qui ne photographie pas seulement ce qu’il voit, mais ce qu’il ressent. Il se dégage de ces images une douceur inattendue, une poésie du quotidien qui contraste avec la frénésie urbaine de ses autres œuvres.

C’est là toute la force de Rivière : un regard acéré, une technique précise et une capacité à insuffler une âme aux images, qu’il s’agisse d’une ville en effervescence ou d’un instant suspendu.

Musée d'Orsay

Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur les musées parisiens. Le Musée d'Orsay n'est pas votre énième temple de l'art pompeux où des gardiens grincheux vous fusillent du regard dès que vous osez respirer trop fort. Non, ici, vous pénétrez dans une ancienne gare transformée en cathédrale de l'art, où la beauté brute de l'architecture industrielle se marie aux chefs-d'œuvre des artistes qui ont fait trembler le petit monde bien-pensant du XIXe siècle.